La SNCF, nouvelle victime des eurobéats.
Mais j'en vois qui en doutent (encore!). Pour ceux-là, rien de tel qu'un peu de lecture. Le rapport COM(2012) 313 final dit ceci :
LE CONSEIL DE L’UNION EUROPÉENNE,
[...]
RECOMMANDE que la France s'attache, au cours de la période 2012-2013 :
[...]
- à poursuivre les efforts pour supprimer les restrictions injustifiées dans les professions et secteurs réglementés, notamment dans le secteur des services et du commerce de détail; à prendre de nouvelles mesures pour libéraliser les industries de réseau, notamment sur le marché de gros de l’électricité, pour développer les capacités d’interconnexion dans le domaine de l’énergie et pour faciliter l’arrivée de nouveaux opérateurs dans les secteurs du transport ferroviaire de marchandises et du transport international de voyageurs.
Voilà. C'est marqué noir sur blanc :
faciliter l’arrivée de nouveaux opérateurs dans les secteurs du transport ferroviaire de marchandises et du transport international de voyageurs.
Et au cas où vous n'auriez pas compris que la SNCF allait cesser d'être un service public, il suffit de voir qui a été choisie pour s'assurer de la rentabilité des gares en France.
PS: cet article de fond vous dira tout sur la privatisation du rail français.
Je déterre ce post de mai 2018, car dans le contexte actuel de grogne au sujet de la réforme des retraites, connaître la cause des causes est FONDAMENTAL.
Pour comprendre pourquoi cette réforme nous est imposée, il faut connaître ses commanditaires.
L'article 120 du TFUE dit ceci en préambule :
Les États membres conduisent leurs politiques économiques en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de l'Union, tels que définis à l'article 3 du traité sur l'Union européenne, et dans le contexte des grandes orientations visées à l'article 121, paragraphe 2. [...]
Mais que sont donc ces "grandes orientations" ? Regardons cet article 121.
L'article 2 dit ceci :
- Le Conseil, sur recommandation de la Commission, élabore un projet pour les grandes orientations des politiques économiques des États membres et de l'Union et en fait rapport au Conseil européen.
Le Conseil européen, sur la base du rapport du Conseil, débat d'une conclusion sur les grandes orientations des politiques économiques des États membres et de l'Union.
Sur la base de cette conclusion, le Conseil adopte une recommandation fixant ces grandes orientations. Le Conseil informe le Parlement européen de sa recommandation.
Mais c'est quoi le Conseil Européen ?
Le site officiel nous dit qu'il s'agit d'un organisme dont le rôle est de "définir les grandes orientations et priorités politiques de l'Union européenne". En sont membres les chefs d'Etat et de gouvernement des pays de l'UE, le président du Conseil européen et le président de la Commission européenne.
En clair, ce sont ces personnes qui décident de l'avenir politique des pays membres de l'UE et de leurs 500 millions d'habitants. Votre avenir politique.
Avec l'article 3, la pensée européenne se précise :
- Afin d'assurer une coordination plus étroite des politiques économiques et une convergence soutenue des performances économiques des États membres, le Conseil, sur la base de rapports présentés par la Commission, surveille l'évolution économique dans chacun des États membres et dans l'Union, ainsi que la conformité des politiques économiques avec les grandes orientations visées au paragraphe 2, et procède régulièrement à une évaluation d'ensemble.
Ici, on apprends que le Conseil "surveille la conformité des politiques économiques avec les grandes orientations" qu'il a édictées. Les pays sont donc contraints de se soumettre, à la longue, aux desiderata du Conseil (composé, je le rappelle, d'une trentaine de personnes).
Chaque année, un rapport des Grandes Orientations des Politiques Economiques (GOPE) est donc publié pour chaque pays membre de l'UE, y compris la France.
Dans le millésime 2018, dont je parle dans le post en titre, on apprend dans les considérants que :
Actuellement, 37 régimes de retraite coexistent en France. Ils concernent des catégories de travailleurs différentes et fonctionnent selon des règles qui leur sont propres. Une uniformisation progressive de ces règles améliorerait la transparence du système, renforcerait l’équité entre les générations et faciliterait la mobilité de la main-d'œuvre. Une harmonisation des règles de calcul contribuerait également à une meilleure maîtrise des dépenses publiques. Si les réformes des retraites déjà adoptées devraient réduire le ratio des dépenses publiques de retraite à long terme, un système des retraites plus simple et plus efficient générerait des économies plus importantes et contribuerait à atténuer les risques qui pèsent sur la soutenabilité des finances publiques à moyen terme. Selon une étude récente, l’alignement de différents régimes de retraite des secteurs public et privé réduirait de plus de 5 milliards d’EUR les dépenses publiques à l’horizon 2022.
On sent bien ce qui dérange ces braves gens : le système de retraite "à la Française" est trop compliqué, trop onéreux, trop dispendieux. Il faut arrêter cette folie. Pourquoi s'entêter à laisser l'Etat gérer de façon calamiteuse ce système, alors que le secteur privé pourrait le faire aussi bien et pour moins cher ?
Mais le plus croustillant est encore à venir. Il s'agit des fameuses recommandations per se :
LE CONSEIL DE L'UNION EUROPÉENNE,
[...]
RECOMMANDE que la France s’attache, sur la période 2018-2019 :
- à veiller à ce que le taux de croissance nominale des dépenses publiques primaires nettes ne dépasse pas 1,4% en 2019, ce qui correspondrait à un ajustement structurel annuel de 0,6% du PIB; à utiliser les recettes exceptionnelles pour accélérer la réduction du ratio d’endettement public; à réduire les dépenses en 2018 et à pleinement préciser les objectifs et les nouvelles mesures nécessaires dans le contexte de l’Action publique 2022, afin qu'ils se traduisent en mesures concrètes de réduction des dépenses et de gain d’efficience dans le budget 2019; à uniformiser progressivement les règles des différents régimes de retraite pour renforcer l’équité et la soutenabilité de ces régimes;
Vous noterez qu'il est question essentiellement de réduire les dépenses ... et ... ? Oui ? Comment ? Non ?! Et si : l'uniformisation des régimes de retraites !
Vous avez compris maintenant. La décision n'est pas issue de notre gouvernement (même si l'idée ne lui déplaît pas hein).
Non ? Toujours pas ?
Parce que les fêtes de fin d'année approchent, voici les autres "recommandations" émises par le Conseil :
- à poursuivre les réformes du système d’enseignement et de formation professionnels, à renforcer son adéquation aux besoins du marché du travail et à améliorer l’accès à la formation, en particulier des travailleurs peu qualifiés et des demandeurs d’emploi; à favoriser l’égalité des chances et l’accès au marché du travail, notamment pour les personnes issues de l’immigration et les habitants des quartiers défavorisés; à garantir la compatibilité des évolutions du salaire minimal avec la création d'emplois et la compétitivité;
Traduction :
- à simplifier le système fiscal, en limitant le recours aux dépenses fiscales, en supprimant les impôts inefficaces et en réduisant les impôts sur la production prélevés sur les entreprises; à réduire la charge réglementaire et administrative afin de renforcer la concurrence dans le secteur des services et de favoriser la croissance des entreprises; à intensifier les efforts déployés pour accroître les performances du système d'innovation, notamment en améliorant l’efficience des dispositifs de soutien public et en renforçant le transfert des connaissances entre les instituts publics de recherche et les entreprises.
Traduction :
Oui, l'Union Européenne décide à votre place. Ne pas le reconnaitre est une preuve d'un manque cruel de bon sens et d'une propension délirante à croire en ses rêves.
Ne pas savoir est une chose qui peut se résoudre facilement. Il suffit d'apprendre, questionner, se renseigner, utiliser son esprit critique (si tant est qu'on en ait un).
Mais savoir tout en refusant de voir la réalité en face, c'est impardonnable. Car sachez-le : les futures générations souffriront de la destruction des conquis sociaux que vous n'aurez pas défendus.
Quant aux soit disant "leaders" d'opinion (syndicats pourris financés par la Confédération Européenne des Syndicats, députés vendus ou carriéristes) qui savent parfaitement ce qui se passe mais focalisent l'attention du peuple vers le gouvernement (qui ne fait qu'exécuter les ordres venus de l'UE), je les conchie bien cordialement.
Sur ce, je vous laisse allumer votre télé et regarder le traitement de l'information concernant les manifestations.
Joyeux Noël.
Je trouve ça honteux à tous les niveaux.
Mais en particulier parce que le Samu social ne trouve rien de mieux que de mettre sur pied une campagne d'affichage destinée à récolter des fonds sur le thème : "Aidons-les à vieillir dans la dignité".
Pour faire simple, le processus est le suivant :
C'est bizarre. Je connais un organisme qui fait déjà ça. Sauf que :
La caisse de retraite !
Alors cher Samu social (ainsi que tous les beaux parleurs qui se gargarisent et se vantent de leurs dons à leurs associations préférées), merci de faire de la publicité au système de retraite ! Celui-ci est détruit un peu plus chaque année (coucou les #GOPE et la Commission Européenne).
Si vous voulez vivre dans une société à l'américaine, où seuls ceux qui peuvent payer ont l'espoir de vivre décemment, dites-le. Moi je préfère une société où la collectivité prend ses responsabilités, et choisi un système de retraite par répartition (au lieu de systèmes par capitalisation), une Sécurité sociale et une Assurance maladie financées par les cotisations sur les salaires (merci les hopitaux publiques gratuits), une assurance chomage du même type etc.
Oyez, oyez !
Les GOPE 2018 sont arrivées ! Etant donné que le document contient sept pages de considérants pour une seule page utile, je recopie ci-après les pasages pertinents :
RECOMMANDATION DU CONSEIL
concernant le programme national de réforme de la France pour 2018 et portant avis du Conseil sur le programme de stabilité de la France pour 2018
LE CONSEIL DE L'UNION EUROPÉENNE,
vu le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, et notamment son article 121, paragraphe 2, et son article 148, paragraphe 4,
[...]
RECOMMANDE que la France s’attache, sur la période 2018 - 2019 :
à veiller à ce que le taux de croissance nominale des dépenses publiques primaires nettes ne dépasse pas 1,4% en 2019, ce qui correspondrait à un ajustement structurel annuel de 0,6% du PIB;
à utiliser les recettes exceptionnelles pour accélérer la réduction du ratio d’endettement public;
à réduire les dépenses en 2018 et à pleinement préciser les objectifs et les nouvelles mesures nécessaires dans le contexte de l’Action publique 2022, afin qu'ils se traduisent en mesures concrètes de réduction des dépenses et de gain d’efficience dans le budget 2019;
à uniformiser progressivement les règles des différents régimes de retraite pour renforcer l’équité et la soutenabilité de ces régimes;
à poursuivre les réformes du système d’enseignement et de formation professionnels, à renforcer son adéquation aux besoins du marché du travail et à améliorer l’accès à la formation, en particulier des travailleurs peu qualifiés et des demandeurs d’emploi;
à favoriser l’égalité des chances et l’accès au marché du travail, notamment pour les personnes issues de l’immigration et les habitants des quartiers défavorisés;
à garantir la compatibilité des évolutions du salaire minimal avec la création d'emplois et la compétitivité;
à simplifier le système fiscal, en limitant le recours aux dépenses fiscales, en supprimant les impôts inefficaces et en réduisant les impôts sur la production prélevés sur les entreprises;
à réduire la charge réglementaire et administrative afin de renforcer la concurrence dans le secteur des services et de favoriser la croissance des entreprises;
à intensifier les efforts déployés pour accroître les performances du système d'innovation, notamment en améliorant l’efficience des dispositifs de soutien public et en renforçant le transfert des connaissances entre les instituts publics de recherche et les entreprises.
Vous vouliez de l'Union Européenne ? Vous allez en bouffer pendant encore un paquet d'années ! Sauf miracle...
Le scandale de la privatisation rampante de la SNCF résumé dans cet article.
Il y a vraiment de quoi devenir hargneux. Surtout quand on se rappelle qu'il s'agit d'une conséquence directe des Grandes Orientations de Politique Economique (GOPE) dictées par l'Union Européenne à la France chaque année.
Pour les 15 ans du traité de Maastricht, ce petit micro-trottoir vous fera désespérer du genre humain (si ce n'est pas déjà fait).Ca vaut ce que ça vaut, mais il s'agit du genre de réaction typique rencontrée lorsque le sujet de l'Union Européenne est évoqué.
Et en bonus, cette petite vidéo faisant un parallèle entre les déclarations de François Asselineau au sujet des GOPE, et leur mise en oeuvre...
#UPR #FREXIT
Vous les vouliez? Vous les attendiez? Vous les aurez!