Ce tweet me pose problème parce qu'il vise à susciter de l'émoi via un sous-texte que l'on peut caricaturer de la façon suivante : la LREM c'est le camp du mâââle (ce qui est vrai d'une manière générale, en tout cas de mon point de vue) et nous nous ne pensons pas pareil et puis nous, nous sommes dans le camp du bîîîen...
La question de la trêve hivernale - sur le sujet des expulsions locatives - est un problème complexe qu'on ne peut simplement synthétiser par : on la garde ou on la retire. Et une fois de plus, la LREM s'est plantée à fond ; car les députés LREM font toujours primer leur idéologie néo-libérale et capitaliste sur le réel et le niveau de vie de leurs citoyens mais bon, tant qu'il y a des gens pour les élire hein...
Je m'explique, prenons deux cas de figures :
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Un ultra-riche propriétaire exclusif d'une SCI (Société Civile Immobilière) fondée sur un patrimoine d'une centaine d'appartements où 95 % d'entre-eux constituent un actif libéré de toute créance ou hypothèque.
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Un jeune couple vivant en province avec un revenu un peu au-dessus de la moyenne, parents de deux enfants, ayant pris le risque avant la naissance de leurs petits d'acheter deux appartements, un pour y vivre et un pour louer afin d'assurer leur retraite pour le jour où la répartition sera morte et enterrée ; la location payant une partie du crédit, le reste étant à leur charge.
Dans le premier cas, même si 50% du parc immobilier du gérant de la SCI venait à lui faire défaut, il ne serait pas à la rue => le maintient de la trêve hivernale se justifie pour lui. Au pire du pire, et en s'appuyant sur une morale utilitariste, alors mieux vaut une seule personne ultra-riche à la rue que 30 familles de pauvres avec leurs enfants.
Dans le second cas, si la location faisait défaut, c'est le propriétaire qui va à la rue, sauf qu'il s'agit aussi d'une famille et au vue de l'endettement les conséquences peuvent être longues et douloureuses. À cet instant, l'arbitrage doit se faire au niveau des familles : laquelle "pèse" le plus, ou dit autrement laquelle est à prioriser par rapport à l'autre => le maintient de la trêve hivernale est à arbitrer.
Pour convaincre les aficionados de la trêve hivernale, imaginez maintenant que l'un des époux du couple propriétaire se retrouve paraplégique parce que renversé par un chauffard ? Que devons-nous lui dire à lui qui ne pourra plus exercer son job et où cette location se transforme en bien plus qu'un simple moyen de survie ? Que dire si le locataire qui a fait défaut a agressé un couple d'homos dans la rue parce qu'il ne supportait pas ça et que la justice préempte sur son salaire des dommages et intérêts qui auraient dû être son loyer ? Est-ce à la petite famille, certe propriétaire, de payer pour les crimes d'un fanatique ?
Car oui, tous les propriétaires ne sont pas riches, mais cela n'implique pas non plus qu'ils soient pauvres et tous les locataires ne sont pas honnêtes, mais cela n'implique pas non plus qu'ils soient malhonnêtes.
Et c'est ça mon problème avec la règle intransigeante de la trêve hivernale, c'est que façon "dictature communiste", elle considère que toutes les situations sont équivalentes et décide de manière manichéenne ce qui est bien ou mal alors que juste non, la vie ne fonctionne pas comme ça.
Bref, maintenir ou retirer la trêve hivernale n'est pas la bonne question à se poser car du point de vue des deux camps cette dernière n'est pas adaptée. D'ailleurs le fait qu'elle soit très mal adaptée aux petits propriétaires offre sur un plateau d'argent les arguments utiles à l'oligarchie pour la faire retirer, ce que s'est empressée de voter la LREM toujours à la solde du Grand Capital...
Les bonnes questions à se poser étaient : comment mieux gérer les cas de figure ? Comment accélérer les décisions de justices pour qu'il y ait des arbitrages qui ne prennent pas 2 à 3 ans ? Bref, fournir une réponse pragmatique et non idéologique à un problème humain.
Je m'intéresse en ce moment à l'éciture, notamment sur la capacité non pas de représenter une émotion à l'écrit, mais de parvenir à faire ressentir l'émotion désirée au lecteur.
Je cite :
Sollicitez tous vos sens
Pour obtenir cet effet, vous devez considérer le sens de la vue comme un acquis et mettre l’accent sur les autres sens afin d’élaborer des descriptions multidimensionnelles. Prendre en compte uniquement le sens de la vue crée presque toujours un effet plat. Lors de votre phase de réécriture, prenez donc quelques minutes pour vous assurer que chaque scène présente au moins un détail provenant d’un autre sens que la vue. De cette façon, le lecteur se trouvera plongé dans l’histoire et la ressentira réellement.