Je discutais ce matin avec @Chlouchloutte de la grève générale et j'aimerais vous faire part de toutes les idées que ses réflexions ont provoquées en moi.
Dans les grèves actuelles, il n'y a ni réflexion ni stratégie, les syndicats appliquent bêtement le même rituel : on bloque tout et on défile dans la rue.
Or, ça ne peut plus marcher pour deux raisons principalement :
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Avant le FN / RN n'était jamais au second tour, donc perdre 5% des votes pouvait être risqué face au second parti politique du pays. Or ici, même
Macron a gagnéune chèvre gagnerait contre Marine Le Pen au second tour (c'est la stratégie du "tout sauf ça"). La conséquence est qu'il n'y a plus de risque électoral à ne pas écouter les revendications des manifestants lorsque l'on gouverne. -
Le contrôle médiatique est quasi total (plus de 95% des TV / Radio / Journaux / Sites de News sont contrôlés par les 10 amis et grands financeurs de la campagne électoral de notre Président). Bref, le peuple fait face à une propagande d'un tout autre ordre de grandeur en ce 21-ème siècle au point qu'une part non négligeable des prolétaires lutte contre son propre intérêt de classe.
Ce faisant, le rituel qui consistait à défiler en criant fort et en mangeant des saucisses entre Bastille et Nation ne fonctionne plus, il faut autre chose !
Mais avant, rentrons un peu plus dans les détails
L'action de bloquer est une tactique d'usine (c'est la première remarque de @Chlouchloutte). En effet, bloquer une usine par la grève imputait obligatoirement les affaires du patron puisque celui-ci cessait de produire ou de vendre pendant la grève d'une part et que le salaire minimum étant garanti, alors ce dernier devait puiser dans ses dividendes de fin d'année pour payer ses salariés à cause de la baisse de bénéfice engendrée par la grève d'autre part. Aussi, plus la grève s'étendait et plus le patron perdait de l'argent. Il subissait une pression et une contrainte extrêmement fortes au point où il pouvait même en déposer le bilan et perdre son usine. Bref, faire un pas en avant, accepter les revendications était souvent bien moins coûteux et risqué que faire attendre ou résister longtemps.
Or dans une économie mondialisée, le patron ne détient plus une ou deux usines mais des centaines voire des milliers. Le risque de préjudice est d'autant plus faible et c'est en ce sens cette stratégie n'est plus efficace.
En parallèle, la stratégie de bloquer tous les transports en commun dans un monde où l'essence est cher et où l'opinion publique est importante, c'est taper sur ses propres usagers et soutiens potentiels. Encore une fois, la stratégie du blocage de l'usine ne fonctionne pas car la RATP n'est pas une usine, c'est une entreprise de service (et c'est la deuxième remarque de @Chlouchloutte, que je peux résumer par "il faut fédérer et non diviser").
Ok donc comment faire ?
La réponse était plus haut : ceux qui ont financé la campagne électorale d'Emmanuel Macron sont les mêmes qui souhaitent les réformes, ce sont eux qu'il faut attaquer, mais attaquer intelligemment...
Du coup en quelques points :
1) Rendre tous les transports en commun de France gratuits (RATP, RER, TER, TGV, Corail, Bus, Tram, etc).
- Cela abaissera l'empreinte carbone, suscitera l'adhésion et encouragera les usagers à écouter les revendications, lire les tracts et soutenir le mouvement (car il irait dans leur intérêt financier et personnel).
- En parallèle, cela créera immédiatement une perte dans les poches des fauteurs de trouble.
2) Ouvrir les péages.
- C'est ce qu'ont fait certains groupes de Gilets-Jaunes et encore une fois, cela fluidifie le trafic (car plus besoin de s'arrêter à la borne) et redonne immédiatement du pouvoir d'achat.
- Et ça tape directement dans les poches des grands financiers de la campagne présidentielle.
3) Couvrir les radars (ou les tronçonner pour les risques-tout).
- Vous avez du comprendre, moins de radar => moins d'amendes => mois de recettes pour les entreprises privées qui profitent d'un marché en cours de privatisation (c'est la raison pour laquelle je ne suis pas contre leur tronçonnage).
- Et là aussi une bonne partie de l'opinion public (ici les bourgeois en grosses berlines) serait ravie d'une telle chose.
4) Rendre gratuite la nourriture en grande surface.
- C'est une spéciale dédicace à notre richissimantesque Bernard. Les pauvres ont faim, nourrissons-les. Carrefour, Auchan et Leclerc peuvent parfaitement offrir la nourriture aux plus démunis et proposer un prix libre à ceux qui en ont les moyens.
- Cerise sur le gâteux : tout cet argent irait aux Restos du Cœur, au Secours Populaire, au Secours Catholique, etc.
- Impossible que l'opinion publique soit contre, car prétendre qu'il ne faut par nourrir un gosse qui crève de faim, même l'autre à la télé avec son écharpe rouge n'oserait pas, encore que me direz-vous...
- Eh bien entendu il y aurait un perte colossale pour les propriétaires de ces corporations. #OuiTuEsTropRicheBernard
5) Rendre l'essence gratuite.
- Vous allez chez Total => le plein est gratuit.
- Ca aide tout le monde et on tape dans le porte monnaie des grands propriétaires lucratifs pollueurs.
- Rien n'empêche encore une fois d'appeler à un prix libre qui sera redistribué à d'autres associations (D'Artagnan, les Indignés, Emmaüs).
Il y a un effet bonus à tout cela : cela transforme la grève en guérilla économique et je suis certaine que les grandes entreprises n'y sont pas préparées. En plus, cela évitera aux grévistes d'être concentrés en un même point avec des caméras qui se focalisent sans cesse sur des casseurs la BAC déguisée en civil éclatant des vitrines. Impossible de provoquer un bad-buzz lorsque l'on film des démunis protégeant des désespérés. Impossible de prétendre que Robin des Bois soit un sale type, Disney nous a trop endoctriné depuis l'enfance.
D'ailleurs, je me dis que l'on pourrait appelez cette stratégie : la contre attaque de Robin des Bois histoire de bien enfoncer le clou ! Enfin, les policiers eux-mêmes y trouveraient leur intérêt, donc pas sûr qu'ils accepteraient encore de tabasser les manifestants. #IlsNeFontQuObéïrAuxOrdres #Nuremberg
Je conclurai sur ce proverbe anglais : don't work harder, work smarter. Car ça ne sert plus à rien de défiler sous la pluie, dans le froid sous la supervision des caméras-montage, démontrant par de fausses images qu'il n'y avait que 2000 personnes dans les rues de Paris les week-ends entre 2018 et 2019. #EffetGiletsJaunes
Et puis si la perte financière est colossale, alors il ne sera plus possible de prétendre que le nombre de manifestants résistants est faible. Il faut servir l'intérêt général en contestant et s'opposant intelligemment aux intérêts des oligarques et arrêter de s'opposer les uns aux autres.
Courage mes amis.