Je retranscris ici le fil Twitter de Benjamin Bayart (vous ai-je déjà dit que j'étais totally in luv du monsieur ?).
Je trouve ça super intéressant comme question. Parce que ça montre deux choses, distinctes mais entremêlées. D'une part, la sur-administration, la quantité surprenante de détails qu'on veut avoir sur tout et sur tous pour faire tourner la mécanique écolière.
Foucault décrit ça de manière intéressante, dans "Surveiller et punir", cette obsession de la volonté de savoir. C'est assez malsain. Mais c'est assez bien admis, à tel point qu'on grogne de devoir remplir des papiers différents avec les mêmes infos.
Pourtant, c'est le signe que nous ne sommes que partiellement mis en fiches. Quand on ne devra plus répondre tout le temps aux mêmes questions, c'est qu'on aura fini de mettre en fiche la totalité de la population, et d'interconnecter tout ça.
De mon point de vue, c'est très sain que chaque acteur du système demande les informations dont il a besoin, en ignorant ce que font les autres. La cantine a seulement besoin de savoir s'il y a intolérance à certains produits, pas si les papiers d'identité sont en règle.
Or, quand on interconnecte tout pour éviter de redemander, alors, on finit par mélanger les informations et on arrive dans une société de surveillance, où tous les organes de la société veillent à imposer des normes et à contraindre les gens à rentrer dans des cases.
Ce serait même plus sain, pour moi, que régulièrement chaque acteur du système se demande s'il peut se passer d'une information ou d'une autre. Partant de l'idée que c'est mieux d'avoir moins d'informations en fiche sur les gens.
Ce qui me fascine dans cette affaire, c'est qu'on est tellement habitués à devoir fournir une montagne d'informations, on est tellement habitués à être mis en fiches tout le temps, partout, qu'on réclame l'interconnexion des systèmes. On réclame Big Brother.
Il ne faut pas croire que la société de surveillance est quelque chose qu'on nous impose par la force. C'est une chose que nous réclamons, au nom du confort, de la simplicité, de la sécurité.
La mort de nos libertés est là : on a oublié leur existence, et on demande la fin des derniers petits morceaux de libertés qui restent, à aucun moment on n'envisage de devoir défendre des libertés. La société de contrôle, la société de surveillance, sont souhaitées.