La plupart du temps j'aime bien ZeroHedge, parce qu'ils relaient différentes news et points de vue, et souvent bien en avance par rapport aux autres médias.
Le point de vue développé ici est celui du Républicain américain typique.
Le gouverneur de Pennsylvanie souhaiterait que le salaire minimum augmente pour atteindre 12 USD en 2019, puis augmente de 50 centimes par an jusqu'en 2025 pour atteindre 15 USD. L'auteur de l'article s'emploie alors à argumenter contre cette mesure. Et les arguments valent leur pesant de cacahuètes :
- 1) le gouvernement n'a aucune compétence/légitimité pour imposer aux employeurs de payer un prix plancher pour leurs employés. Les marchés sont tellement difficiles à appréhender et produisent une telle quantité d'information, que les fonctionnaires n'ont pas la sagesse ("wisdom" dans le texte") requise pour les remplacer et fixer des prix à leur place;
- 2) ceux qui défendent l'augmentation du salaire minimum peuvent payer leurs salariés comme ils le souhaitent. Mais de quel droit pourraient-ils obliger les autres à les suivre dans leur délire socialiste ?
- 3) si le gouvernement fixe un salaire minimum et qu'une entreprise est sur le point de faire faillite, il faudrait que l'état augmente arbitrairement le prix des produits fabriqués par l'entreprise. Les produits se vendraient moins, et donc l'entreprise ferait faillite malgré tout;
- 4) si le salaire minimum augmente, ça obligera les employeurs à baisser la masse salariale en conséquence : il faudra donc soit baisser le nombre d'heures travaillées, soit carrément licencier des employés.
Bref. Des arguments qui n'en sont pas, ou qui sont balayés très facilement par le simple bon sens :
- l'existence d'un salaire minimum sert à donner un minimum de dignité aux personnes qui travaillent, et à leur tenir la tête hors de l'eau, afin de pouvoir subsister sans avoir la condition de travailleurs pauvres;
- l'existence du salaire minimum entraîne une capacité de consommation accrue de la part des bénéficiaires. Ces personnes sont alors en mesure de réinjecter leur argent dans le circuit économique. Les entreprises bénéficient alors de cette injection de liquidité et peuvent se développer et donc ... embaucher;
- aux Etats-Unis il n'existe pas de différence aussi marquée entre salaire brut et net qu'en France. Cela est dû à l'existence (pour quelques temps encore, jusqu'à ce que nos leaders de la start-up nation ne finissent de tous démembrer) des différentes cotisations salariales et patronales (maladie, chômage, retraite ...); Le salaire minimum permet d'assurer un taux de cotisations plancher;
- le salaire minimum protège les salariés des patrons sans scrupules qui pourraient profiter d'un chômage élevé pour revoir les salaires à la baisse, surtout pour les emplois pas ou peu qualifiés;
- le salarié n'est ainsi pas obligé de négocier (pour ne pas dire quémander) un salaire décent, et peut assurer sa survie sans dépendre de la bonne humeur du patron à la signature du contrat.
Et je pourrais continuer longtemps.
Mais que faut-il espérer de gens nourris au rêve américain et à la théorie du self-made man ? Quand j'entends des gens en France tenir aussi ce genre de discours, je me dis qu'on devrait les faire travailler dans un fast-food à 5 euros de l'heure, juste pour voir si et en combien de temps ils changeraient d'avis.