Remarques sur le
Disclaimer : je souhaite discuter et apporter un point de vue différent. Je n’ai pas souhaité être agressive ni insultante. Si jamais c’est le cas, n’hésitez pas à me dire ce qui a été mal interprété, que j’en tienne compte par la suite. Merci. (On se croirait dans une vidéo YouTube hi hi)
J’ai bien lu le texte, je me permet de partager mon opinion.
Déjà je redoute une traduction de l’anglais vers le français un peu approximative.
Je rappelle que « gender » a deux traductions directes en français :
- Genre - dans le sens de catégorie / classification / règles et caractères communs (ex: un genre littéraire) pour des pronoms
- Sexe - littéralement
Dans l’autre sens, genre ne se traduit en « gender » que pour signifier des catégories de mots, et la chaise n’a pas de rapport avec le sexe féminin. C’est juste la langue qui s’est construite par accrétion, de cette manière.
Donc si on parle de genre, la meilleure traduction serait le rattachement au sexe d’une personne.
Exemple linguee :
« The survey asks respondents to specify their age and gender »
« Le questionnaire demande aux répondants de préciser leur âge et leur sexe »
Mais bon, on conviendra que c’est plus pratique de traduire par genre, et de parler de construction de genre, en tant que construction de catégorie sociale.
Donc du coup, je me demande si, quelques fois, on ne perd pas le contenu initial au profit d’une interprétation personnelle...
Pour le faciliter la tâche, je vais partir du texte pour construire ma réflexion.
« nous projetons constamment et activement nos idées et suppositions quant à la masculinité et la féminité sur chaque personne que nous rencontrons »
Je suis complètement d’accord avec cette vision, chacun dispose de ses propres critères subjectifs concernant le stéréotype de genre selon qu’il ait été inspiré par playboy / têtu ou Marie Curie / Einstein (ou autre bien sûr).
La définition du stéréotype de femme / homme est dans les yeux de celui qui regarde. Deux personnes auront des visions différentes de ce que doit / ne doit pas / est / n’est pas / peut / ne peut pas faire les personnes de chaque genre, mais dont certains éléments se rejoignent parfois, car le stéréotype de genre est une construction sociétale, qui est acquise dès la plus tendre enfance à grand coup de « le bleu et les voitures pour les garçons », « le rose et les poupées pour les filles », avec un gradient plus ou moins marqué selon les parents que l’on a. Ainsi, homme comme femme, nous apprenons très vite à nous conformer à une vision stéréotypée autour des genres.
Et c’est la raison pour laquelle les standards de beauté sont à ce point divergents à travers le monde, selon les pays. Et que beaucoup de monde trouve un partenaire dans sa vie. On ne voit pas la même chose chez l’autre.
Pour la suite, je ferai donc une distinction entre le sexe de naissance (homme / femme) et première traduction de « gender », qui est inné - et le stéréotype de genre (dictats hommes - femmes), deuxième traduction de « gender », qui sont de pures créations de la société et appris par les individus dès le plus jeune âge.
Nous passons beaucoup de temps à analyser les stéréotypes émis par les individus autour de nous. Stéréotypes de genres, oui, mais aussi de milieu culturel (la petite chaînette sur les lunettes des femmes de lettre - ha ha), de classe sociale ou même de groupe culturel (adepte du foot - de métal...).
Cette analyse de l’autre va nous permettre d’identifier ce que nous pouvons attendre ou espérer des autres.
Si j’ai besoin d’une serviette hygiénique, je demanderai plutôt à une personne qui a adopté les codes du genre féminin. Si je souhaite fonder une famille, je vais chercher une personne qui réponde aux codes de ma vision d’une figure parentale (vêtements liés à la classe sociale - attitude envers les autres (pourquoi pas les enfants) - et bien sûr, perspectives de fonder une famille donc codes du genre qui me garanti une reproductibilité). Si je souhaite passer un bon moment au stade, je me mettrais du côté des personnes ayant un maillot de la même couleur que le mien.
Nous avons tous des attentes par rapport aux autres (l’auteur n’en manque pas d’ailleurs), et renvoyer certains codes facilite la lecture d’autrui.
Un exemple : si une personne se présente à un entretien d’embauche en survêtement pour un poste de banquier, le jury va garder un doute légitime quand à sa capacité à adopter les codes vestimentaires et attitudes attendus et liés au poste.
Une société est constituée de codes et de stéréotypes.
Après, tous les stéréotypes ne sont pas bons, et il est important d’en remettre en question. C’est d’ailleurs le fer de lance de la lutte féministe. Changer quelques stéréotypes (autour du genre justement). Grâce à cela, les femmes peuvent porter des pantalons, ne pas s’épiler les jambes, etc.
Il y a encore du boulot du côté des hommes dont très peu d’entre eux ont acquis les codes jupe - talons - maquillage mais cela peut aussi s’expliquer par l’inconfort de ces attributs (sans parler des trucs moulants, souvent incompatibles avec une affection pour la bière).
J’estime pour ma part que libre à chacun de faire ce qu’il veut, mais le risque à ne pas renvoyer les bons codes, c’est de perdre en légitimité. C’est un jeu de dupe, d’où le terme « costume » d’entreprise. Tout est apparat, tout est code et image.
Du coup je ne suis pas d’accord avec cette lecture de la situation : « la plupart des cissexuelLEs supposent que toutes les personnes qu’illes rencontrent sont aussi cissexuelles, tout comme la plupart des hétérosexuelLEs supposent que toutes les personnes qu’illes rencontrent sont aussi hétérosexuelles ».
Puisque l’on parle de codes liés au stéréotypes de genres, si tu adoptes un code, il y a de fortes chances que tu sois classé selon ton stéréotype de genre.
Ensuite, derrière vient l’espoir de chacun de ce qu’il peut obtenir de l’autre. Si tu es un homme et que tu vois une personne avec les codes du stéréotype de genre féminin, tu vas te demander quelles sont tes chances de coucher avec / fonder une famille avec / discuter avec / demander un tampax pour ta femme (décidément il va revenir celui là).
Si la personne n’a aucune attente envers quelqu’un, quel que soit son stéréotype de genre, il n’y aura pas de questionnement par rapport à l’autre. Tout le monde est invisible et ignoré tant qu’il n’éveille pas dans le regard de l’autre la potentialité d’une réponse à un de ses besoins.
Un individu jugé « laid » (selon les critères de sa culture) est très souvent invisibilisé, par exemple.
Et ensuite, évidemment, personne ne viendra te voir pour te demander « bonjour, vous ne seriez pas trans par hasard ?». Franchement, malpoli / 20... en tous cas, je considère que ça ne se fait pas. La question sera abordée si jamais cette information est un pré-requis a un besoin auquel l’autre pourrait répondre. Il sera d’ailleurs abordé différent, comme par exemple « je voudrais 3 enfants, et toi ? », qui est à la fois une vérification de compatibilité, mais aussi de capacité.
Du coup, ce passage nécessite une discussion : « Pour la plupart des cissexuelLEs, le fait qu’illes se sentent à l’aise en habitant le genre qui leur a été assigné, et le fait que les autres personnes confirment ce sentiment de naturel en les genrant correctement, les autorise à développer un sens de la légitimité à l’égard de leur propre genre : illes se sentent autoriséEs à se nommer femme ou homme. »
Il existe toute une phase très difficile qui s’appelle l’adolescence, ou chacun apprend petit à petit a découvrir et assumer son corps. Certains se l’approprient avec du sport, des tatouages, des piercings, des coupes de cheveux, des photos (ou plutôt des like) Instagram, mais cette période est celle où le jeune adulte développe sa perception de lui-même et se retrouve ou non dans les stéréotypes et normes que la société impose (et encore une fois, je ne suis pas spécialement d’accord avec tous ces stéréotypes, c’est le but de la lutte féministe).
Beaucoup d’ailleurs rejettent cette transformation, il faut du temps pour s’accepter. Il arrive très souvent que l’on ne trouve l’acceptation de soi qu’à travers le regard de l’autre, et donc des attentes de l’autre par rapport à soi. Ce qui explique le sujet des figures parentales, exprimant l’approbation de la société sur soi-même. Ce que les parents enseignent à leurs enfants, ce sont bien les codes et conventions pour vivre en société (avec le fameux cliché du string pour les adolescentes - bête noire des parents qui veulent cadrer l’évolution de leur enfant à un stéréotype acceptable, selon leurs critères).
Donc je ne peux pas être d’accord avec cette affirmation : « illes se considèrent comme les arbitres ultimes pouvant statuer sur qui a le droit de se nommer femme ou homme »
Les individus ne sont capables que d’une chose : apprécier l’adoption des codes de stéréotype chez l’autre, puisqu’ils sont poussés par la société et « connus de tous ». Ils s’y sont eux-mêmes conformés, consciemment ou non, par apprentissage.
On en arrive à ce passage : « Le mythe le plus courant utilisé pour justifier le privilège cissexuel est l’idée que les cissexuelLEs héritent le droit de se nommer femme ou homme en raison d’être néE dans ce sexe précis. En d’autres mots, les cissexuelLEs voient leur légitimité de genre comme un droit de naissance. »
Hé bien non justement, c’est l’inverse ! Il faut reprendre la définition de cissexuel : qui est en phase entre son sexe et les codes de son genre. La phrase de l’auteur est une négation de la définition de cissexuel.
Certes, la première traduction de « genre » définit un homme ou une femme par son adn et sa naissance. Mais ton adéquation ou non aux stéréotypes de genre est un apprentissage.
Il n’y a aucun lien entre être cissexuel et être né homme ou femme. Héloïse en est un exemple. Hors les hommes efféminés sont des hommes, parce que sexe et stéréotype de genre sont deux choses distinctes !
Du coup, lorsque la personne parle de son histoire : « Dans la sphère des interactions sociales, la seule différence entre mon genre transsexuel et leur genre cissexuel est que mon appartenance au genre féminin est généralement déclassée et placée en seconde zone, comme une imitation illégitime de la leur. »
Là je trouve qu’on touche quelque chose. La notion d’imitation, qui est au cœur de l’adoption de codes de stéréotypes est une construction normale de l’individu. Si l’auteur a été surpris de découvrir cela tard, cela fait longtemps que l’on sait que les enfants apprennent par mimétisme. Tout le monde passe par cette « imitation légitime ». Et comme l’on copie ce qui nous entoure, l’on finit par adopter les stéréotypes qui nous entourent. C’est le cas au travail avec les costumes, dans son lotissement lorsque l’on parle de streetwear ou de bcbg, mais aussi lorsque l’on parle de féminité et de masculinité.
Et lorsque l’auteur finalement témoigne : « En fait, l’évidence cissexuelle rend insignifiant mon sexe de naissance, et les autres supposent automatiquement que je suis née femelle (en se basant uniquement sur le fait qu’illes m’ont genrée femme). »
Il démontre lui même que ce sont les stéréotypes de genre et l’adoption de codes sociétaires qui définissent la perception dans le regard de l’autre. La preuve, les autres t’ont légitimé en tant que femme. Ton sexe de naissance et ton adn sont bel et bien des informations médicales.
Si le but de l’auteur est de pointer du doigt que la standardisation de l’individu par adoption des codes de stéréotype rend invisibles / standards les individus, ça n’est pas du tout une révélation. Personne ne va chercher à savoir si tu étais d’un autre code genré avant ou pas, tu as les codes d’un stéréotype, et on te traite et on attend des choses de toi en tant que tel. Et en même temps, si la première question que l’on devait poser était « t’as toujours été un homme ? », on se retrouverait à crier à la discrimination (légitime je pense).
Du coup, ce ressenti « Une autre remarque fréquente, "je n’aurais jamais deviné que tu étais transsexuelle", me félicite essentiellement de ressembler à une cissexuelle, insinuant une fois encore que les cissexuelLEs sont par essence meilleurEs que les transsexuelLEs. » est lié à l’idée que l’auteur a des autres.
Les gens sont en train de dire que ton adoption des codes est parfaite, et que tu as bien compris le modèle poussé par la société, c’est donc une validation d’un chemin parcouru par tous, mais tu l’interprètes comme un acte de dénigrement. C’est nier le parcours de l’autre, qui lui aussi s’est approprié les codes par apprentissage. En plus de cela, si tu as fait ton coming out trans, qu’espérais-tu comme réaction ?
Tu informes tout le monde « j’ai eu le cancer », et on te répond « j’aurais jamais deviné que tu avais pu frôler la mort ». C’est assez normé comme réponse. Que répondre d’autre sans devenir intrusif dans la vie de l’autre au risque de poser des questions qui pourraient être vues comme malsaines ou voyeuristes ?
De ce fait, le concept de « privilège cis » me gêne dans le sens où l’on parle d’une convention acquise par apprentissage et approbation de la part de la société, la ou l’auteur voit quelque chose d’inné. « Privilège » qui semble accordé à tous ceux qui respectent les codes et normes liés a un concept, indépendamment de leur sexe.
« Et la différence majeure entre mon histoire de vie de femme et la leur est que j’ai eu à me battre pour mon droit à être reconnue en tant que femme, alors qu’elles ont toujours eu le privilège de simplement considérer ceci comme acquis. »
Et bien non, justement. On apprend à se maquiller, on apprend à choisir ses vêtements, on apprend à se conformer aux attentes des autres et c’est tout le sujet de la polémique autour des réseaux sociaux comme Instagram qui envoient des codes de plus en plus normés. Tout le monde acquière ou lutte contre le stéréotype de genre.
Le meilleur exemple est la société japonaise, hyper conformiste parce que l’on agit pour rendre service à l’autre. On porte un costume pour ne pas embarrasser l’entreprise. On ne dit pas ce qu’on pense pour ne pas gêner. Le regard de l’autre passe avant l’individualité. On rentre dans le moule et on s’efface pour être accepté. Et je ne dis pas que c’est bien, il y a beaucoup de problèmes au Japon.
Je suis d’accord avec la considération souvent archaïque et beauf que certaines personnes peuvent avoir envers les personnes trans, il faut changer cela. Ça n’est pas correct. Je pense d’ailleurs que les médias ont fait beaucoup de mal sur l’image des trans.
Mais comme l’auteur le dit lui même, cis ou trans, on passe par une phase d’imitation des stéréotypes pour apprendre à les intégrer avec justesse dans les yeux des autres.
Là ou je pense que les trans vivent quelque chose de très dur, c’est lorsque leurs interlocuteurs découvrent qu’il y a inadéquation entre le stéréotype renvoyé et les attentes qu’ils peuvent avoir envers la personne. Comme par exemple un homme amoureux qui souhaite des enfants avec quelqu’un qui est trans et ne peux pas répondre à son besoin. L’interlocuteur se sent trahit et cela peut se manifester par un rejet violent, laissant la personne trans dans un mal-être très dur, qui sera vu comme illégitime, car elle n’a pas cherché à nuire. Attentes et déception sont les deux faces d’une même pièce.
Pour moi, la lutte importante que je souhaite mener, c’est celle contre les stéréotypes de genre. Un homme qui s’habille en mini-jupe et se maquille à outrance n’est à mon sens pas plus une femme, parce que je n’estime pas que ce stéréotype issu de playboy soit révélateur de ce qu’est une femme. Cette construction sur ce qu’est / doit faire / ne doit pas faire / doit porter une femme / un homme est un vrai problème.
Je revendique le droit aux hommes de porter des jupes et des talons, de se maquiller (merci la Corée lol) et de s’épiler, sans être catégorisés « efféminées ».
Être un homme ou une femme, ça n’est pas un trait de personnalité. C’est une information médicale.
Petite anecdote marrante pour vous : les triple toilettes existent déjà.
Les troisièmes sont réservées aux personnes handicapées.
Merci d’avoir considéré qu’ils sont des sous-humains, ils doivent être ravis.
Ce sont des toilettes aménagés et adaptés pour leurs besoins personnels, et je pense qu’ils sont contents de voir qu’on a pensé à eux.
Tout est question de point de vue, et refuser celui des autres est tout aussi détestable que de se voir refuser sa propre opinion.
Et oui, j’attend toujours qu’on m’explique ce que signifie « se sentir femme », je connais assez de femmes (j’en suis une), pour bien me rendre compte que nous sommes toutes hyper différentes, avec des valeurs différentes.
Une femme qui ne porte pas de talons est-elle moins une femme ?
Un homme qui porte des talons est-il moins un homme ?
Une femme qui n’est pas douce est-elle moins une femme ?
Un homme qui est doux est-il moins un homme ?
Une femme qui aime les femmes est-elle moins une femme ?
Un homme qui aime les hommes est-il moins un homme ?
Je ne comprend pas la phrase « je me sens femme » parce que je suis une femme et que je ne considère pas les stéréotypes de genre comme rendant les personnes moins homme ou femme.
Je constate un problème au niveau de l’éducation genrée des enfants, du bleu et du rose, des jeux infirmières ou médecins selon le genre, qui orientent des choix de vie.
Mais tu peux être la plus queer des queer, aimer les robes et les talons, te maquiller plus que moi, je ne t'enlèverai jamais ton droit à être un homme car je considère que tes préférences de consommation ne sont pas importantes. Tu restes un homme qui a droit de consommer comme il l’entend. Ne te considère pas « femme » parce que tu consommes des attributs « réservés » à l’autre genre.
Refuser ce que l’on est au prétexte que l’on a pas de droit de consommer ce que l’on veut, qu’elle violence...
Après si le souhait d’un changement de sexe est exprimé, que la personne est majeure et avertie, cela devrait être libre à chacun (et ça l’est). Mais j’espère que ça n’est pas motivé par des raisons de consumérisme. Vous avez le droit de consommer ce que vous voulez.