Interview intéressante. Le livre de la dame doit valoir le détour également.
Question:
Selon vous, le vrai visage de ce "nouveau monde" incarné par les start-up d'aujourd'hui n'est en réalité que le reflet d'un "capitalisme sauvage". Vous allez même jusqu'à comparer leur fonctionnement avec celui d'une "dictature totalitaire" et d'un "régime despotique". C'est-à-dire?
Réponse:
Tout à fait. C'est une forme d'organisation totalitaire, voire même sectaire. Dans ces structures, il y a la reproduction d'un même schéma avec un leader charismatique, incarné généralement par le fondateur de la société, autour duquel se crée un culte de la personnalité. Vous avez ensuite l'adoption d'un langage commun généralement bourré d'anglicismes, d'euphémismes et de superlatifs décuplés qui se propagent à une vitesse folle. Les titres de postes eux-mêmes [en référence à certains cités dans son livre: "office manager", "assistant talent recruiter", "growth hacker", NDLR] servent la plupart du temps soit à enjoliver un job banal, soit à masquer une précarité. Plusieurs process sont souvent rebaptisés avec des noms qui se veulent savants mais sont au final très creux. Ajoutés à cette novlangue, des rituels communs, des valeurs communes, une culture d'entreprise commune ou encore une surveillance omniprésente des résultats. Ce qui est assez proche selon moi d'un système totalitaire.... et d'autant plus hypocrite de la part d'entrepreneurs prônant la liberté à tous les étages et qui se révèlent dans les faits plus que liberticides.